Les images, les écrans, les enfants, les parents, l’école, les enseignants : - premier retour d’ateliers dans les écoles et premières préconisations.
Sylvie Zucca, psychiatre.
En six mois environ, j’ai rencontré des enfants d’âge de 5 à 13 ans. Et aussi des parents sans enfants.
Tous les enseignants que j’ai rencontrés, sans exception, sont inquiets et parlent des écrans comme d’un problème de santé publique majeur : en dix ans voire moins, ils constatent, et chaque année de plus en plus nettement, une baisse du temps de concentration, une excitation, un retard à la compréhension, des retards de langage et de lecture, des enfants agités, fatigués à leur arrivée le matin : il s’agissait souvent d’écoles ou collèges situées en bordure des boulevards périphériques, avec certains enfants dont les parents sont arrivés en France il n’y a pas forcément longtemps. Parfois, des mamans seules ne parlant pas français. Dans d’autres cas, écoles de milieu social plus » gentrifié », avec fort télétravail parental.
Les enfants ravis de parler de cette question
Premier constat : les enfants sont ravis de parler de cette question, voire demandeurs. Ces moments servent aussi de partage avec les enseignants. Les garçons sont particulièrement bavards et expansifs sur le sujet. Beaucoup d’enfants ont un regard critique sur la surutilisation des écrans à la maison par les adultes : portable, et ordis sont cités d’abord, mais la télé est en toile de fond, allumée non-stop. Environnement bruyant et sollicitations visuelles permanentes. Beaucoup d’interactions entre les enfants dans les discussions sur les écrans, les jeux, les vacances.
Il faut donc parler, sans les culpabiliser, avec les parents, tous les parents, en expliquant un peu en profondeur les choses, en se référant aux derniers savoirs : par exemple, le dernier livre « Faites les lire » de Michel Desmurget est édifiant pour qui veut comprendre la nécessité de la lecture pour maintenir une intelligence vive. Il est encore plus important de sensibiliser les parents les plus invisibles. Pour les mamans seules, essayer de les aider à inventer des systèmes de garde collective après l’école et pendant les vacances, moments pour les plus à risques du « tout écran » : développer un partenariat avec les acteurs locaux en matière d’alternatives, culture, colonies de vacances, structures sociales et bénévoles de lecture, jeux, apprentissages collectifs et aides aux mères seules serait sans doute une suite logique à ces ateliers des Transmetteurs.
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