C’est avec leur matériel de formation, mannequins et défibrillateurs, sous le bras que les Dr Jean-François Sicard et Christiane Renard se sont rendus au centre social Accueil Goutte d’Or le 9 juin dernier au matin.
Les Transmetteurs formateurs aux gestes d’urgence minimum reprennent enfin du service, conséquence louable de l’amélioration de la situation sanitaire et de l’arrivée du vaccin. Car si les sessions de formation assurées par Les Transmetteurs avaient dû être mises sur pause pendant quelques temps, l’apprentissage des gestes de premiers secours est aujourd’hui plus que jamais une prérogative citoyenne et un service qui doit être rendu accessible à tous.
Tel est le pari des FO.UR.MI.* (1), programme conçu par le Dr Suzanne Tartière : transmettre en deux heures, de façon ludique et participative, l’essentiel des gestes et réflexes qui peuvent nous permettre à tous de sauver des vies. Un objectif soutenu par le gouvernement qui vise 80% de la population formée d’ici à 2022, dont tous les collégiens en classe de 3ème.
Plus on s’y prend jeune, plus on est face à un public en pleine dynamique d’apprentissage
Et pour cette toute première FO.UR.MI. de l’année 2021, les Transmetteurs sont intervenus auprès de 14 jeunes réfugiés âgés de 16 à 25 ans, à l’Accueil Goutte d’Or dans le 18ème arrondissement – notre partenaire depuis plus de quatre ans.
La matinée s’est déroulée dans une ambiance très positive : les jeunes sont volontaires, ils sont curieux et ont envie d’apprendre à réagir en cas de situation imprévue.
Accueillis par Séverine Zouaoui, Coordinatrice des actions de formation du centre social, celle-ci nous présente le groupe de secouristes en herbe :
« Ils viennent d’Albanie, du Tibet, de Somalie, de Russie, du Bangladesh… Ils viennent du monde entier ! Migrants en situation régulière en France, ils vivent en famille d’accueil ou en établissement. Comment arrivent-ils à l’Accueil Goutte d’Or ? Ce sont les missions locales de toute l’Ile-de-France qui les envoient vers nous. »
A l’Accueil Goutte d’Or, les jeunes intègrent un programme de formation linguistique de 4 mois. Arrivés en France depuis 1 ou 2 ans, ils ne parlent pas – ou alors très peu – le français. La mission du centre est de les accompagner dans la vie quotidienne, l’apprentissage de règles et coutumes françaises, et de les aider à obtenir le diplôme DELF A1 ou A2* (2), afin de poursuivre vers un parcours professionnel ou une formation.
« Le rôle de la structure, par-delà l’apprentissage linguistique, c’est d'accompagner les jeunes à tisser des liens sociaux, des liens relationnels en France. »
Transmettre les gestes qui sauvent : une initiative citoyenne
C’était la première formation aux gestes de premiers secours que ces jeunes suivaient en France. L’enjeu est de taille. Une formatrice leur demande s’ils ont déjà eu à appeler un numéro d’urgence. Dans leur pays oui, parfois, mais pas en France, très certainement faute de savoir comment s’y prendre et d’oser. Par leur parcours d’exil, ce public a de fortes chances d’avoir été confronté à une situation d’urgence au cours de sa vie. Ils sont donc particulièrement sensibles à la valeur de ces gestes.
Sont abordés au cours des deux heures : les numéros d’urgence, l’étouffement, les cas d’inconscience et l’arrêt cardiaque.
Les questions sont nombreuses – comme lorsqu’un des garçons demande « Si je ne connais pas la personne, est-ce que je fais quelque chose ? » Tous souhaitent apprendre à réagir au mieux en cas de danger.
« Hier l’un d’entre eux nous a dit “moi si je vois tomber quelqu’un, je fuis car j’ai peur“ (…) Le message le plus important à transmettre, c’est donc de dire : il ne faut pas avoir peur, ce que vous ferez sera toujours mieux que rien. Ils ont le complexe de mal parler français ».
Pour Séverine Zouaoui, la Formation Urgence Minimum est avant tout une clé pour que ces jeunes se sentent en sécurité, et leur donner la confiance pour agir dans un environnement qui leur est effrayant. « On compte sur les Transmetteurs pour répondre à toutes leurs questions, à toutes leurs peurs. »
Le jour précédent la FO.UR.MI., la formatrice les a prévenus de la venue des médecins retraités. Ils ont parlé du vocabulaire du corps, des notions de conscience, d’inconscience et des numéros d’urgence. Le jour J, deux Transmetteurs animent les 2 heures de formation, et deux formatrices – Muriel et Séverine – sont là en soutien, pour réexpliquer, demander de ralentir, aider les jeunes à prendre la parole. Le jour suivant la formation, elles rappellent les situations et vérifient que les compétences ont été acquises.
« Pour les jeunes, c’est un gage de reconnaissance d’avoir la visite de docteurs, de médecins pour un enseignement. D’autant plus qu’ils viennent de l’extérieur et ça les change des cours plus traditionnels. C’est une séance qui en général leur plaît et dont ils retirent beaucoup car elle est tournée vers l’action. On les veut dans le participatif ! »
La FO.UR.MI. arrivant à son terme sur le coup de midi, tous semblent satisfaits et convaincus. Un jeune homme l’assure : « C’était bien, et maintenant on sait ce qu’on doit faire ! »
Vous souhaitez plus d'informations ? Vous désirez solliciter Les Transmetteurs pour une formation aux gestes qui sauvent ? Rendez-vous sur la page FO.UR.MI. de notre site : https://www.lestransmetteurs.org/fourmi
(1*) FO.UR.MI. : abréviation des "Formations Urgence Minimum"
(2*) DELF : abréviation de "diplôme d'études en langue française"
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