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Témoignage d'Olivier Douville, psychologue clinicien et psychanalyste

Olivier Douville, psychologue clinicien et psychanalyste, membre d’honneur du Collège International Psychanalyse et Anthropologie, membre du Samu Social International. Maître de conférences hors classe des Universités à Rennes 2, Paris Nanterre et Paris-Cité. Directeur de publication de la revue Psychologie Clinique. 



un homme assis dans un fauteuil


"J’ai travaillé comme psychologue clinicien durant 40 ans à l'Établissement Psychiatrique de Ville-Evrard, où durant les sept dernières de mon exercice professionnel je supervisais une équipe  "psychiatrie-précarité"


J’interviens depuis sa création au sein du dispositif SOS Crise sur trois points :

  • Mise au point de fiches sur les techniques d’entretien 

  • Supervision clinique du travail des écoutants

  • Brefs enseignements didactiques comme nous le verrons plus loin"


Qu'est-ce qui motive ton accompagnement à nos côtés ?

"Depuis ses débuts, je suis proche du Samu Social International-(cofondateur de SOS Crise) et solidaire des initiatives lancées par son président Xavier Emmanuelli. Je connais bien Les Transmetteurs. Mon exercice de psychanalyste m’a fait entendre combien l’épisode Covid avait des conséquences sur la vie psychique des personnes touchées par le virus, mais aussi sur leurs proches et enfin sur une bonne part de la population sensible et parfois terrorisés par ce climat de catastrophe que nous connaissions et subissions alors. Toutes les demandes se confondaient ensemble, se coagulaient et se surdéterminaient qui allait de la quête d’information concrète, au besoin d’écoute et de présence, le moment vif de la Covid ayant nécessité des isolements qui furent parfois vécu dans un climat de persécution, de dépression et de vif abandon."


Quels sont, pour toi, les enjeux clés des écoutants de SOS Crise pour répondre au mieux aux appelants ? 

"D’une part bien répondre aux demandes d’informations et d’orientation en ayant pu définir avec les appelants le plus pénible de leur situation matérielle, sanitaire et psychique. D’autre part, savoir favoriser la demande de soin ou d’accompagnement par une attitude la plus dépourvue possible d’interprétations hâtives ou de conseils imprudents et précipités, en favorisant les techniques de reformulation et d’écoute active – les répondants ne doivent pas être trop silencieux."


Comment caractériserais tu la communauté des écoutants de SOS Crise et quelle est sa spécificité ? 

"Cette communauté dont je encontre quelques protagonistes fidèles lors de séance de supervision clinique une fois par semaine est marqué par un idéal commun de se tenir proche de la souffrance subjective et d’y porter accueil, et secours. Cet engagement dans un idéal thérapeutique, que la retraite de nombre d’écoutants n’a pas entamée, est le ferment qui soude cette communauté. J’ai été et suis toujours ému et impressionné par la possibilité qu’à chacune et chacun de ne pas se barder de certitude, d’être capable de  remettre en question ses interventions en tant qu’écoutant(e), d’élaborer des questions et des réponses au moment de nos rencontres.

Enfin, je suis tout à fait heureux de voir à quel point l’enthousiasme de bien des écoutants ne se réduit pas à quelques égotismes que ce soit, et favorise, au contraire, l’écoute et l’élaboration mutuelles."


A ton avis, en quoi SOS Crise répond à un besoin essentiel ? 

"Oui, un besoin d’écoute et de présence de la part des appelants. Grande fut ma surprise de constater que loin de se réduire à une fonction d’orientation, cette plate-forme, qui sait orienter vers des structures d’accueil et de soin de droit commun, accueille et recueille, la parole désorientée et craintive de certaines et certains qui n’ont jamais été suivis en soin psychothérapeutique. En ce sens la plate-forme est aussi l’occasion inespérée pour certains appelants de trouver enfin un ensemble d’interlocuteurs bienveillants et avertis. On pourrait m’objecter qu’il s’agit là d’une notation ne concernant qu’un nombre réduit d’appelant. J’accepte la remarque de grand cœur, convaincu que je suis que c’est bien aussi dans l’extrême des situations limites qu’il suscite qu’un dispositif rencontre son originalité opportune et donc sa valeur. Mon expérience avec les écoutants de SOS Crise est que nous sommes devenus les témoins d’une  véritable crise de la parole et du lien social , crise que la Covid n’a plus qu’amplifier.

Enfin, j’ai également proposé des temps de formation ou pendant une heure des thèmes généraux sur les techniques d’écoute ont pu être abordés, mais où furent encore exposées de façon didactique des notions cruciales de psychopathologie générale (l’angoisse, le traumatisme psychique)et fondamentale (la psychose) ou de clinique du quotidien (l’adolescence et ses crises)." 


Comment imagines tu cette communauté dans 4 ans ?

"Ayant égaré ma boule de cristal, je ne peux répondre que par des considérations logiques. Il est pour moi clair qu’un maillage de solidarité s’est épanoui, en réseau entre les écoutants, soucieux d’élaborer ensemble et de transmettre aux plus jeunes. Ce maillage est parti pour durer, comme on dit. Enfin, les répercussions psychiques de la Covid vont jouer au moins sur le moyen terme. N’oublions pas que l’élaboration et la représentation d’une effraction traumatique prends du temps, celui précisément de l’après-coup. Si , maintenant nous ne sommes plus dans le moment de la sidération, nous sommes dans le temps de l’élaboration psychique du temps de la Covid, et dans 4 ans nous serons encore dans ce travail d’élaboration, individuel et collectif ; la plate-forme aura toujours sa raison d’être."


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